31 janvier 2013

17 : Qu’advient-il après la fin de Brokmar et de Dragui ?


339457a5
 
Ah que coucou !
 
Après avoir vu comment cela se déroulait pour Babeth, nous allons maintenant regagner le Royaume des Sorciers et des Sorcières pour apprendre ce qu’advient le Royaume maintenant qu’il n’y a pas de couple royal pour le diriger – Brokmar et Dragui ayant été terrassés par une bonne fée et un enchanteur, aucun sorcier, aucune sorcière ne peut prétendre au titre de Roi et de Reine...
 
Comme vous vous en doutez les enfants, le moment précis où sont décédés le méchant roi Brokmar et la très méchante reine Dragui, a été marqué par de grands tremblements de terre à travers tout le Royaume des Sorciers et des Sorcières. Leur environnement fut si chamboulé que le soleil s’est mis à briller de toutes ses flammes pendant plusieurs heures ! ce qui a permis à certaines plantes situées aux frontières du Royaume de pousser. Ces quelques plantes, traversées par un des cours d’eau les plus pollués qui faisait la fierté des Sorciers et des Sorcières, ont oxygéné la rivière ce qui augmenta sa pureté… Bref, dans tout le Royaume, chacun des habitants se demandaient ce qu’il avait bien pu se passer.
 
Ce n’est que bien plus tard dans la journée que la nouvelle s’est répandue dans tout le Royaume :
 
« Le roi Brokmar et la reine Dragui
sauvagement assassinés par la princesse Babeth »
 
titraient en gros caractères et à la une tous les journaux du Royaume.
 
« Nous venons d’apprendre par les autorités que notre bien-aimé roi Brokmar et notre bien-aimée reine Dragui venaient d’être retrouvés assassinés dans la chambre de leur horrible fille : la princesse Babeth. Cela ne fait aucun doute aux supers détectives de la Police que l’unique responsable est la Princesse Babeth, bien connue par son horrible comportement indigne de notre société.
Un tribunal a tout de suite statué sur son sort : la princesse Babeth doit mourir !
Tous les sorciers et toutes les sorcières doivent s’unir afin de retrouver la princesse en fuite et la tuer. Le Tribunal prévient aussi que tous ceux qui se déroberont à cette tâche subiront le même sort : la MORT ! et que tous ceux qui lui apporteraient aide, assistance et asile devront mourir aussi !!! »
Source :
Les Sorciers d’Aujourd’hui
 
Vous comprenez maintenant, les enfants, qu’il ne faut surtout pas qu’ils retrouvent Babeth… alors, pour la protéger, que devons-nous faire ? Nous devons nous taire ! Nous ne devons pas révéler la nouvelle identité de Babeth ! Nous ne devons pas révéler où se cache Babeth ! Nous ne devons pas révéler chez qui Babeth a trouvé refuge ! Vous avez bien compris, les enfants ? CHUTTTTTTTTTTTTTTTTTTT !!! il ne faut pas que les espions des Sorciers et des Sorcières apprennent quoi que ce soit !
 
Mais il y a un autre problème qui secoue maintenant le Royaume des Sorciers et des Sorcières :
 
Qui deviendra le prochain Roi et la prochaine Reine ?
 
Le pouvoir vacant, de nombreux Sorciers et de nombreuses Sorcières décident de saisir leurs chances pour accéder au plus haut titre du Royaume. Rien n’étant prévu dans la Constitution du Royaume, de nombreuses rixes, suivies de batailles, désunissent le Royaume. Bref, une guerre civile éclate ; les récoltes se trouvent détruites ; la famine s’approche et commence par toucher les bébés, puis les enfants. Devant cette tragique situation, une seule et unique possibilité s’offre aux autres pays du monde magique : envoyer une aide alimentaire pour que la situation redevienne normale et pour arrêter l’exode résultant de la guerre et de la famine. Oui, les enfants, les sorciers, les fées, et autres ne peuvent pas créer de la nourriture mais seulement la multiplier… alors… quant au départ il n’y a rien à multiplier… il n’y a rien à manger.
 
Alors voici qu’apparaissent dans tout le Royaume des Sorciers et des Sorcières, des cartons et des sacs remplis de victuailles, de bouteilles d’eau, de bouteilles de lait, de médicaments, de pansements, d’outils chirurgicaux. Des meules de foin et de paille trouvent leur place dans les étables à la grande surprise des Sorciers-Fermiers désespérés qui pensaient être ruinés et devoir quitter leur ferme.
 
Toute cette aide humanitaire magique a permis d’arrêter ce flot d’émigrants qui tentaient de sortir du Royaume des Sorciers et des Sorcières de façon illégale. Cette aide a permis aussi de calmer les esprits de la majorité de la population. Et une paix relative apparut enfin.
 
Cette paix regagnée, les Sorciers et les Sorcières ont pu se consulter pour adopter une procédure visant à élire un nouveau roi et une nouvelle reine. Des élections furent donc organisées et le couple vainqueur fut :
 
Precrare le teigneux et Craskette l’horrible
 
qui étaient les pires ennemis du méchant roi Brokmar et de la très méchante reine Dragui et dont la première occupation est de retrouver au plus vite Babeth pour la tuer avant qu’elle ne les tuent…
 
Voilà les enfants, la situation actuelle dans le Royaume des Sorciers et des Sorcières…
 
Bisous,
@+
Sab

30 janvier 2013

Consommation : les crèmes anti-âge


b1a9ed52
 
Ah que coucou !
 
Avec l’âge notre peau perd de sa souplesse et les publicistes nous vantent les bienfaits de telle crème, de telle vitamine pour permettre à notre peau de récupérer toute sa jeunesse. C’est ainsi que nous apprenons que la coenzyme Q10 (que nous retrouvons notamment dans la viande et dans le poisson) peut lutter contre le vieillissement quand nous l’étalons sur la peau ;) mdrrrr !! alors que cette enzyme Q10 est, paraît-il, bonne en cas d’hyper-tension, de migraines et elle se prend uniquement par voie orale…
 
Il suffit d’aller dans un rayon cosmétique quelconque pour s’apercevoir que de nombreuses crèmes inondent le marché… et, en tant que consommateurs, nous ne savons laquelle choisir… même si, nous, nous savons qu’une bonne crème est une crème hydratante qui protège notre peau contre les intempéries ;)…
 
Oui, toutes ces crèmes anti-âge, antirides, antivieillissement, ne sont, en réalité, que des attrape-nigauds ! désolée, mais c’est la stricte vérité, qui ne font de miracles que dans notre façon de voir, de nous regarder le matin dans notre glace après application, et dans l’augmentation exponentielle du chiffre d’affaire des industries chimiques, ayant un secteur cosmétique et fabricant les dites crèmes…
 
Pour plus de renseignements, non pas sur chacune des marques, chacune des crèmes (ce qui serait un travail titanesque tellement elles sont nombreuses), je vous conseille plus de lire l’article suivant, paru sur le site du CNRS, où la responsable de la recherche Chloé Feral et son équipe ATIP-Avenir « Homéostasie et tumorigenèse épidermiques » concluent leur recherche par le constat suivant :
 
« CD98hc apparaît nécessaire au renouvellement rapide et efficace de l’épiderme. La baisse de son expression, constatée in vivo chez la souris âgée, confirme son rôle dans le maintien des tissus, le cycle du follicule pileux et la cicatrisation, perturbés avec l’âge » affirme Chloé Féral. « Le statut du transporteur CD98hc in vivo pourrait être un indicateur de la capacité de la peau à se régénérer », conclut la chercheuse.
 
pour accéder à l’article dont le titre est Le contrôleur du vieillissement de la peau, cliquez ici.
 
Bisous,
@+
Sab

Posté par Sab1703 à 00:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , , , , ,

29 janvier 2013

Arthur Conan DOYLE : The Adventure of the Devil’s Foot


267273fd

Ah que coucou !
 
Et bien voici l’avant-dernière nouvelle que contient le recueil : His last Bow écrit par le très célèbre Sir Arthur Conan Doyle, mettant en scène notre détective favori : Sherlock Holmes
 
The Adventure of the Devil’s Foot
accessible à la lecture/téléchargement en cliquant ici
format : pdf
(logiciel fourni gratuitement par son concepteur : adobe.com)
langue : anglais
 
dans lequel vous allez réapprendre aussi qu’il peut être dangereux de faire des expériences en chimie quand on ignore quels effets peut avoir tel produit ou tel autre… en effet, cette plante rare, inconnue par les chimistes européens et qui se nomme le « Pied du Diable » (traduction de Devil’s Foot), rapportée d’Afrique, a bien failli être la cause de la mort de Sherlock Holmes et de son meilleur ami : le Dr Watson…
 
Mais n’ayez aucune inquiétude, nos deux héros en réchappe et Sherlock Holmes ne faillit pas à son habitude : celle de toujours trouver le coupable. Et c’est, malgré tout avec tristesse, que nous apprenons les raisons de ces 2 crimes et de ces 2 crises de folie qui mènent deux frères tout droit dans un asile psychiatrique après cette funeste nuit, où mourut, dans d’atroces souffrances, leur sœur Brenda…
 
Le prochain billet consacré à Sir Arthur Conan Doyle terminera ce recueil par la nouvelle ayant donné son titre au livre : His last Bow.
 
Bonne lecture !
 
Bisous,
@+
Sab
 
Sherlock-
Holmes

28 janvier 2013

Mythes et légendes de la Grèce antique : Héraclès


071f67e0
Illustration réalisée par :
Zdeněk Sklenář
 
Traduction de :
Eduard Petiška
 
Ah que coucou !
 
 
Héraclès
accessible au téléchargement/lecture en cliquant ici
format : pdf
(logiciel fourni gratuitement par son concepteur : Adobe)
Langue : français
 
Oui, ce mythe est bien trop long pour que je puisse vous le mettre dans un billet, même à part… en effet, nous est narrée ici non seulement les 12 travaux d’Héraclès, mais aussi son enfance, ses amours, son mariage et sa mort… bref, il est complet ;) !
 
Comme tout mythe, celui-ci enseigne aux Grecs anciens plusieurs règles mais la plus importante est, je crois, que « pour réussir dans la vie, il faut travailler ». En effet, Héraclès, malgré que son père fut Zeus, le plus important des dieux grecs, a préféré suivre le conseil de la déesse de la Vertu – qui lui a conseillé de suivre un chemin difficile pour parvenir à être reconnu et aimé des autres – que celui de la déesse de la Volupté – qui lui a conseillé de suivre un chemin facile fait de délices de toute sorte. Et là fut le choix le plus judicieux d’Héraclès car, s’il avait suivi la Volupté, il n’aurait vécu que dans l’ombre de son père et personne n’aurait entendu parler de lui et nous ne connaîtrerions pas son histoire ;)… En suivant la Vertu, il aida de nombreux concitoyens qu’ils soient grecs ou autres, et fut célébrer pour ses qualités d’âme et traiter en héros…
 
L’épisode des 12 travaux montre là qu’il est stupide de vouloir tuer en envoyant à la mort une personne. En effet, le propre cousin d’Héraclès, le roi Eurysthée, jaloux du premier exploit d’Héraclès, veut se débarrasser de lui et à chacune de ses tentatives (les différents travaux), Héraclès en ressort non seulement vivant, mais sa gloire s’accroit et il est de plus en plus aimé et respecté…
 
Avec ses amours est abordé ici le respect de la parole donnée. Non pas que les rois, pères des princesses qu’Héraclès aurait aimées épouser, eurent ce respect : malgré ses victoires devant le mener à l’hymen, aucun n’a respecté la promesse faite à Héraclès ; mais on nous rappelle ici que des promesses non respectées font que la personne à qui nous les faisons s’énerve et peut devenir un de nos ennemis et nous abattre quand nous ne nous y attendons pas (ex. le roi Eurytos et sa fille Iole. Malgré qu’Héraclès soit déclaré vainqueur du tournoi par le roi Eurytos, celui-ci « ne lui accorda pas la main de sa fille, inventant sans cesse de nouveaux prétextes pour retarder le mariage ». Quelques années après, Héraclès toujours fâché contre ce roi, livra bataille, gagna la guerre, détruisit sa capitale, exécuta le roi et expédia sa fille Iole au service de sa femme comme une esclave).
 
L’épisode avec le roi Admète met l’accent sur la fidélité entre amis… Héraclès, attristé par le veuvage récent de son ami le roi Admète, décide d’aller rechercher la reine Alceste et de la ramener des Enfers… Une fois qu’elle fut ressuscitée, le couple royal put continuer à vivre heureux tout en étant reconnaissant à Héraclès.
 
La partie consacrée à la période d’esclavage d’Héraclès montre ce qui aurait pu arriver si Héraclès avait suivi les conseils de la déesse Volupté. Héraclès n’aurait jamais eu la force et le courage que tous se souviennent. Cela montre aussi les dangers de la paresse, etc.
 
Enfin nous arrivons à sa rencontre avec celle qui allait devenir sa femme, la princesse Déjanire, qui lui donna un fils Hyllos. Leur vie peut être considérée comme une récompense pour tous les bienfaits qu’Héraclès a fait jusque là…
 
L’épisode du Centaure nous mène à la cause du décès d’Héraclès : car c’est en ayant cru qu’Iole allait la remplacer dans le cœur d’Héraclès (comme lui avait laissé entendre le centaure qui mourut de la main d’Héraclès) que la reine Déjanir a tué accidentellement et dans d’horribles souffrances le plus fameux héros grec – en ayant mis sur la tunique d’Héraclès le sang récolté de la blessure du Centaure…
 
Héraclès ayant été vertueux toute sa vie durant, il fut récompensé en gagnant l’Olympe où il fut accueillit parmi les dieux…
 
Mais pour profiter au mieux de tout ceci, il faut mieux que vous lisiez ou relisiez ce mythe… Alors surtout, n’hésitez pas ! ;)
 
Bisous,
@+
Sab
App0002

27 janvier 2013

The Police : Message in a bottle


628fffd1
Ah que coucou !
 
Hier, avant de partir, j’avais cru que j’aurais la force de rester éveillée encore quelques minutes pour poster le billet que j’avais prévu (qui traite un autre sujet que celui-ci)… mais voilà, je suis rentrée plus tard que prévu et j’ai eu plus l’envie de filer sous la couette que de m’asseoir devant le PC… Désolée pour ceux et celles qui pensaient cette nuit pouvoir lire un nouveau sujet sur mon blog et qui ne l’ont pas trouvé…
 
Pendant la semaine j’ai lu un article paru dans la presse allemande narrant l’aventure d’un jeune garçon qui a découvert sur une plage une bouteille contenant un message datant de 1936, c’est pour cela que j’avais envie d’entendre à nouveau, un des titres les plus connus du groupe anglais : The Police, où Sting (le leader et chanteur de ce célèbre groupe) explique qu’il a envoyé un message d’appel à l’aide dans une bouteille et qu’il espère que quelqu’un la trouvera… D’ailleurs voici en vidéo cette chanson :
 
 
Et pour ceux qui connaissent le solfège, voici le lien où vous pourrez trouver la partition musicale (format pdf) :
 
 
quant aux paroles, elles sont disponibles un peu partout…
 
Bon appétit ! et bon dimanche malgré la pluie (décidemment je préfère la neige, moi !) !
Bisous,
@+
Sab
PS : le billet que j’avais prévu de poster la nuit dernière le sera cette nuit prochaine.

Posté par Sab1703 à 00:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

26 janvier 2013

Daniel et Valérie (Livret 2)


a473be17
 
Ah que coucou !
 
Certains peuvent être surpris de trouver ici un livre d’apprentissage à la lecture. Non pas que je veuille vous apprendre à lire (ça je crois que c’est déjà fait depuis longtemps ;)) mais profiter qu’une de mes amies, en apercevant ce livre posé à proximité de mon scanneur qui attendait son tour pour être numérisé, pour partager aussi avec vous cette méthode mixte d’apprentissage à la lecture… oui, cette amie déteste la façon dont on apprend à lire à sa fille et estime que cette méthode enseignée à l’école ne développe pas chez sa gamine le goût de la découverte des mots, des syllabes, cette méthode n’accentue pas aussi la joie que l’enfant doit éprouver quand il parvient à décrypter un texte, elle ne leur procure pas cette fierté de savoir lire !
 
Malheureusement je n’ai actuellement que le numéro 2 – le n° 1 devant se trouver dans un des cartons non déballés qui se trouve chez ma mère… toutefois, il englobe la partie la plus difficile de la lecture (les syllabes gu, um, ouin/oin…) sans oublier que les textes commencent à être plus longs et plus riches en vocabulaire et les dictées proposées sont plus intéressantes pour l’enfant car il écrit maintenant des phrases et non une liste de mots (comme cela était proposé dans le livret 1 d’après ce que je peux m’en souvenir).
 
Ce livre ne correspond pas au programme scolaire actuel ! Il correspond au programme de la seconde moitié des années 70. Mais le fait d’aborder ici une autre méthode d’apprentissage peut aider des enfants ayant des problèmes dans leur apprentissage avec la méthode actuelle qui privilégie plus la rapidité à la qualité et qui est complètement inadaptée pour de nombreux enfants qui, quand ils arrivent en cours élémentaire, sont incapables de lire des phrases simples comme :
 
Daniel joue avec Valérie.
Valérie joue avec Daniel.
 
qui est, si j’ai bonne mémoire, le premier chapitre de l’apprentissage à la lecture de mon année scolaire du CP…
 
Voici donc, sous ma signature, cet ouvrage au complet.
 
Bisous,
@+
Sab
 
 
DetV_201DetV_202DetV_203
 
DetV_204DetV_205
DetV_206 DetV_207
DetV_208 DetV_209
DetV_210 DetV_211
DetV_212 DetV_213
DetV_214 DetV_215
DetV_216 DetV_217
DetV_218 DetV_219
DetV_220 DetV_221
DetV_222 DetV_223
DetV_224 DetV_225
DetV_226 DetV_227
DetV_228 DetV_229
DetV_230 DetV_231
DetV_232 DetV_233DetV_234 DetV_235
 

25 janvier 2013

Texte à méditer…


97456c02

Ah que coucou !
 
Oui, aujourd’hui je ne vais rien ajouter aux propos de ce célèbre écrivain qu’était J-K. Huysmans car ce texte est beaucoup trop riche…
 
Il s’agit d’un passage du roman « A rebours » qu’il a écrit en 1884. Si vous ne connaissez pas encore ce livre, je vous le conseille.
 
En attendant je laisse la parole à J.K. Huysmans…
 
[…]
 
De toutes les formes de la littérature, celle du poème en prose était la forme préférée de des Esseintes. Maniée par un alchimiste de génie, elle devait, suivant lui, renfermer, dans son petit volume, à l’état d’of meat, la puissance du roman dont elle supprimait les longueurs analytiques et les superfétations descriptives. Bien souvent, des Esseintes avait médité sur cet inquiétant problème, écrire un roman concentré en quelques phrases qui contiendraient le suc cohobé des centaines de pages toujours employées à établir le milieu, à dessiner les caractères, à entasser à l’appui les observations et les menus faits. Alors les mots choisis seraient tellement impermutables qu’ils suppléeraient à tous les autres ; l’adjectif posé d’une si ingénieuse et d’une si définitive façon qu’il ne pourrait être légalement dépossédé de sa place, ouvrirait de telles perspectives que le lecteur pourrait rêver, pendant des semaines entières sur son sens tout à la fois précis et multiple, constaterait le présent, reconstruirait le passé, devinerait l’avenir d’âmes des personnages, révélés par les lueurs de cette épithète unique.
 
Le roman, ainsi conçu, ainsi condensé en une page ou deux, deviendrait une communion de pensée entre un magique écrivain et un idéal lecteur, une collaboration spirituelle consentie entre dix personnes supérieures éparses dans l’univers, une délectation offerte aux délicats, accessible à eux seuls.
 
En un mot, le poème en prose représentait, pour les Esseintes, le suc concret, l’osmazôme de la littérature, l’huile essentielle de l’art.
 
Cette succulence développée et réduite en une goutte, elle existait déjà chez Baudelaire, et aussi dans ces poèmes de Mallarmé qu’il humait avec un si profonde joie.
 
Quand il eut fermé son anthologie, des Esseintes se dit que sa bibliothèque sur ce dernier livre, ne s’augmenterait probablement jamais plus.
 
En effet, la décadence d’une littérature, irréparablement atteinte dans son organisme, affaiblie par l’âge des idées, épuisée par les excès de la syntaxe, sensible seulement aux curiosités qui enfièvrent les malades et cependant pressée de tout exprimer à son déclin, acharnée à vouloir réparer toutes les omissions de jouissance, à léguer les plus subtils souvenirs de douleur, à son lit de mort, s’était incarnée en Mallarmé, de la façon la plus consommée et la plus exquise.
 
C’étaient, poussées jusqu’à leur dernière expressions, les quintessences de Baudelaire et de Poe ; c’étaient leurs fines et puissantes substances encore distillées et dégageant de nouveaux fumets, de nouvelles ivresses.
 
C’était l’agonie de la vieille langue qui, après s’être persillée de siècle en siècle, finissait par se dissoudre, par atteindre ce deliquium de la langue latine qui expirait dans les mystérieux concepts et les énigmatiques expressions de saint Boniface et de saint Adhelme.
 
Au demeurant, la décomposition de la langue française s’était faite d’un coup. Dans la langue latine, une longue transition, un écart de quatre cents ans existait entre le verbe tacheté et superbe de Claudien et de Rutilius, et le verbe faisandé du 8e siècle. Dans la langue française aucun laps de temps, aucune succession d’âge n’avaient eu lieu ; le style tacheté et superbe des de Goncourt et le style faisandé de Verlaine et de Mallarmé se coudoyaient à Paris, vivant en même temps, à la même époque, au même siècle.
 
Et des Esseintes sourit, regardant l’un des in-folios ouverts sur son pupitre de chapelle, pensant que le moment viendrait où un érudit préparerait pour la décadence de la langue française, un glossaire pareil à celui dans lequel le savant du Cange a noté les dernières balbuties, les derniers spasmes, les derniers éclats, de la langue latine râlant de vieillesse au fond des cloîtres.

Joris-Karl Huysmans
 

huysmans-signature
Alors, vous en pensez quoi ? A quoi cela vous fait-il penser ?

Bisous,
@+
Sab

24 janvier 2013

Angelo Branduardi: Il Denaro Dei Nani


fd20274c
Ah que coucou!

La honte!! j'ai totalement oublié samedi de préparer assez de billets d'avance!! Résultat pour cette nuit: aucun billet :'( Nous allons donc nous nous rabattre sur les vidéo clips ;)... Je vous propose donc, pour vous faire patienter jusqu'à ce que le billet que j'ai mis en route cet après-midi, une petite chanson d'Angelo Branduardi qui s'appelle Il Denaro dei Nani (inutile de me demander la traduction: je ne connais pas l'itialien!!):


Par contre je sais qu'Angelo Branduardi a mis un lien vers cette chanson en proposant à ses fans de chanter avec lui ;)!! Vous n'avez qu'à visiter son site pour vérifier ma p'tite traduction ;) mdrrrr!!

Bonne nuit!!
Bisous,
@+
Sab

Posté par Sab1703 à 00:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

23 janvier 2013

16 : 1ère journée que Babeth passe parmi nous


af4cadcd
 
Ah que coucou !
 
Comme vous vous en souvenez, les enfants, les parents de Babeth sont décédés et Babeth, pour sa sécurité, a été envoyée immédiatement chez une famille – dont nous tairons le nom pour garantir non seulement la sécurité de Babeth mais aussi celle de sa famille d’accueil – par la Bonne Fée Marguerite et l’Enchanteur Merlin.
 
Même si Babeth est surprise de sa métamorphose physique en petite fille modèle, la famille qui l’accueille jusqu’à sa majorité, n’en semble nullement étonnée, comme ils n’ont pas du tout été surpris par l’apparition soudaine de Babeth à leur tablée – oui les enfants, quand Babeth est arrivée, c’était à l’heure du souper, et avant même qu’elle ait pu prononcer un mot, elle était assise sagement devant son assiette pleine d’une bon pot-au-feu.
 
« Ainsi donc, voici la petite fille dont Merlin nous a parlé », commente le père de famille, « tu peux m’appeler Papa. Je te présente ta nouvelle Maman, ton frère Mathieu et ta sœur Océane.
- Bonjour, répond Babeth, je m’appelle Babeth et vous remercie de m’accueillir.
- Pour ta sécurité, rétorque Maman, il serait prudent que tu changes de prénom. Comment voudrais-tu t’appeler ? »
 
Babeth est bien embêtée : elle n’avait pas prévu de devoir changer de prénom, en plus elle adore être appelée Babeth ; mais, après réflexion, elle estime que Maman a bien raison et promet de se trouver un nouveau prénom malgré qu’elle ignore quels sont les prénoms en usage… Les enfants, pouvez-vous aider Babeth ? Quel prénom lui conseilleriez-vous de choisir ? Une fois votre choix fait, demandez à votre maman ou à votre papa de me le communiquer pour que je puisse le proposer à Babeth de votre part…
 
Après ce repas qui se termine par un beau et bon gâteau au chocolat décoré de bonbons multicolores, Maman envoie Mathieu, Océane et Babeth se laver les dents. Babeth, étonnée d’apprendre qu’elle doit désormais se laver les dents après chaque repas (j’ignore si vous le savez les enfants, mais les sorciers et les sorcières ne se lavent jamais les dents, c’est ce qui leur donne cette très mauvaise haleine), apprend l’utilisation de sa nouvelle et belle brosse à dent et du dentifrice…
 
« ATTENTION ! » a tout juste le temps de crier Mathieu à Babeth avant que ne s’échappe tout le dentifrice du tube qui arrose le miroir au-dessus du lavabo. « C’est sur ta brosse à dent qu’il faut mettre le dentifrice et non sur les murs, miroirs et sol de la salle-de-bain ! » continue Mathieu pendant que Maman et Papa, affolés par son cri, arrivent dans la pièce.
« Ce n’est pas grave, Babeth », rassure Maman, « par contre Babeth, tu apprends aujourd’hui un des règlements de la maison : qui salit, doit nettoyer ! Alors, une fois tes dents propres, tu prends l’éponge que tu mouilles et tu essuies le miroir. N’oublie surtout pas de rincer l’éponge avant de la ranger ! Ensuite, tu prends ce chiffon à vitre et ce produit à vitre et tu nettoies tout le miroir » ordonne gentiment Maman à Babeth, « après tu pourras venir jouer avec nous ».
 
Une fois ses dents lavées, le miroir nettoyé, Babeth rejoint la famille dans le salon…
 
« Maintenant que Babeth nous a rejoint, les enfants, » commence à dire Papa, « vous pouvez choisir où vous souhaitez aller jouer. Dans la salle de jeu ? dans le jardin ? dans le parc pour profiter des grandes balançoires, du toboggan et du tourniquet ? ou tout simplement préférez-vous que nous jouions tous ensemble à un jeu de société dans le salon ? » demande Papa.
Là commence une grande discussion car Babeth ignore ce que sont un toboggan et un tourniquet quand Maman décide qu’il est grand temps de statuer :
« Tant que Babeth n’aura pas choisi un nouveau prénom, je ne pense pas qu’il soit très prudent d’aller jouer dans le parc. De plus, pour jouer à l’extérieur il commence à se faire tard et la fraicheur tombe. A cette heure il est donc plus judicieux de profiter que nous soyons tous réunis pour jouer à un jeu de société, cela permettra à Babeth, en outre, de se familiariser d’abord avec nous.
- Oh, oui, maman », se réjouit Océane, « jouons à Pictionary !
- Non, jouons aux chevaux ! propose Mathieu.
- Et si nous jouions à Boogle, c’est un jeu dont les règles sont simples et qui permettra à Babeth de se familiariser avec l’orthographe » argumente Papa.
 
S’en suit toute une discussion interrompue par une nouvelle proposition de Maman : « Comme nous ne parvenons pas à un accord, et si nous votions, chacun voterait pour sa proposition, alors tirons au sort le jeu auquel nous jouerons ! »
 
Sur ces mots, Maman prend une feuille qu’elle découpe en 4 morceaux égaux et sur lesquels elle inscrit les noms des jeux proposés par chacun [Babeth s’étant abstenue car elle n’en connait aucun]. Elle les mélange dans un bol et demande à Babeth de choisir un papier. Babeth tire et donne le papier à Maman qui apprend à tous qu’ils vont maintenant jouer à…
 
Boogle
 
Quelques explications sur les règles du jeu et le but à atteindre, et voici toute la famille riant autour des quelques tirages. Mais comme partout, l’heure d’aller dormir approche et il est temps pour Océane, Mathieu et Babeth d’aller au lit. De sa chambre Babeth entend les « bonne nuit ! » des parents à chacun de leurs deux enfants et ensuite un crissement et la voix de Papa se fait entendre : « Babeth, tu dors déjà ?
- Non, pas encore, répond Babeth.
- Maman et moi pouvons entrer pour te souhaiter la bonne nuit ?
- Oui » se réjouit Babeth par avance.
Pendant que Papa embrasse Babeth sur ses joues toute rougies par la timidité en lui souhaitant « Bonne nuit ! », Maman prévient Babeth qu’elle va prendre quelques minutes pour lui parler…
 
« Babeth », commence Maman par dire une fois Papa sorti de la chambre, « il faut que je te parle de ta nouvelle vie parmi nous et t’instruise de quelques règles pour faciliter ton intégration. Il faut d’abord que tu évites d’utiliser la magie, Merlin nous a prévenus qu’il viendrait tous les jours et t’emmènerait avec lui dans un lieu secret et sécurisé où tu pourras t’exercer à la magie et te préparer ainsi à pouvoir regagner ton pays quand tu seras grande. Alors, règle n°1 : Pas de magie. D’accord ?
- Oui, promet Babeth.
- Seconde règle : il faut que tu vives comme si tu étais une petite fille, née dans notre monde. Pour cela, Océane m’a promis de t’aider et de te conseiller au mieux. Si malgré cela tu as des problèmes, tu nous avertis tout de suite, Papa et moi. D’accord ?
- Oui, promet à nouveau Babeth.
- Troisième règle, comme tous les membres de la famille : tu ranges ta chambre, tu ranges ce que tu as dérangé dans les autres pièces, tu nettoies quand tu as sali quelque chose, tu prends un bain tous les soirs et mets ton linge du jour dans le panier que tu verras dans la salle-de-bain, à la sortie du bain, tu mettras ton pyjama que tu trouveras sur une chaise à côté du lavabo, tu te nettoies les dents à chaque fois que tu as fini de manger et tu mets les habits que je t’aurais posés sur ta commode la veille ; comme tu le vois, pour demain, tes habits sont sortis, dès que tu te lèves, tu les mets. D’accord ?
- Oui, assure Babeth.
- Quatrième règle, l’école. Oui, à partir de la semaine prochaine, tu fréquenteras l’école comme tous les autres enfants. A l’école, personne ne devra savoir que tu es Babeth, la fille de Brokmar et de Dragui, que tu viens du royaume des Sorciers et des Sorcières et que tu es toi-même une sorcière. Tout le monde devra croire que tu es un de nos enfants. C’est pour cela que dès demain, nous mettrons une histoire en place pour que tu ais un passé bien humain et bien de chez nous. D’accord ?
- Oui, s’empresse de répondre Babeth que cette perspective amuse.
- Je n’ai rien à ajouter je pense. Bonne nuit, Babeth et à demain matin », ajoute Maman en embrassant Babeth sur son front avant de quitter la chambre.
 
« Quelle longue et riche journée en évènement ! » se dit Babeth en s’endormant…
 
Voilà les enfants comment s’est déroulée la première journée de Babeth dans notre monde. Dans le prochain épisode, nous nous rendrons dans le Royaume des Sorciers et des Sorcières pour savoir ce qui s’est passé après la découverte du décès du couple royal : le méchant roi Brokmar et la très méchante reine Dragui. Alors les enfants, si vous voulez connaître cette histoire, n’oubliez pas d’être sages, de faire un bisou à votre papa et à votre maman, et zou ! au lit ! pour pouvoir aller jouer de bonne heure.
 
Bisous,
@+
Sab

22 janvier 2013

La France de 1900 [Les fonds Seeberger]


da1c9509

Ah que coucou !
 
Oups ! J’ai oublié de le poster cette nuit… désolée.
 
Pour continuer à expliquer ce qu’est ce livre admirable, voici expliqué par le Chef de Service photographique de la Caisse nationale des Monuments historiques en poste à l’époque où cet ouvrage a été édité (octobre 1979) ce que sont ces fameux fonds qui ont servi à Hubert Juin pour élaborer cette collection de photographies de la France en 1900 (texte se trouvant sous ma signature).
 
Et parce que j’suis fatiguée, pour ma part, je n’en écris pas plus ;)
 
Bonne pause K-Wa !
 
Bisous,
@+
Sab
 
 
ban
 
Les fonds Seeberger
 
 
C’est en 1976 que sont entrées aux Archives photographiques les quelques 3000 plaques constituant le fonds photographique des trois frères Jules, Louis et Henri Seeberger, fonds réalisé à la charnière des 19e et 20e siècles. Ces plaques, clichés-verre au gélatino-bromure d’argent, de format 13x18, sont pour la plupart dans un assez bon état de conservation.
Depuis leur acquisition, elles ont fait l’objet de tirages d’épreuves et d’un inventaire. En outre, un catalogue, des albums de références ainsi que des index thématiques sont en cours de réalisation.
Cette œuvre photographique présente des qualités esthétiques et un aspect créateur indéniables. Nous nous limiterons cependant à l’analyse du fonds pour en dégager les thèmes essentiels et montrer en quoi et à qui il peut être de la plus grande « utilité ».
Nous nous attacherons principalement à l’aspect documentaire du fonds Seeberger, en essayant de mettre en exergue le rôle informatif de ces 3000 images, qui plongent directement dans les racines socio-culturelles de notre passé récent.
 
 
*
***
 
Pour un homme d’une quarantaine d’années, l’époque concernée est celle de la jeunesse de ses grands-parents : vingt années, de 1895 à la Grande Guerre. La France, rapidement relevée des séquelles de la défaite de 1871, connaissait alors une seconde étape de sa révolution industrielle. Les transformations considérables des sciences et des techniques allaient de pair, comme cela se produit fréquemment, avec des changements dans les rapports sociaux.
 
 
*
***
 
Géographiquement, c’est quasi exclusivement la France qui a été explorée, et principalement la France urbaine – amputée de l’Alsace-Lorraine – et touristique : littoral méditerranéen, côte normande, montagnes de Savoie… Ce choix s’explique aisément : les frères Seeberger réalisaient leurs « campagnes photographiques » en vue de proposer leurs clichés à des fabricants de cartes postales. Ce secteur, alors en plein essor, fit naître quantité de vocations. La carte postale, forme de message utilisée principalement par des personnes en déplacement, orientait donc, par là même, l’activité des photographes. Les frères Seeberger travaillèrent largement en ce sens, photographiant les villes où l’on se déplaçait pour affaires et les lieux où les couches sociales aisées se rendaient pour le tourisme et les loisirs.
Nombre d’images laissées par les frères Seeberger sont des documents offrant un intérêt principalement topographique : sites naturels, sites urbains, monuments.
Les « grands monuments » anciens et modernes de la ville explorée font généralement l’objet de plusieurs clichés. La cathédrale ou l’église principale est représentée par des vues d’ensemble, et très souvent par des vues de détails de l’extérieur ou de l’intérieur. Les édifices plus récents, ou même tout à fait contemporains, qui font la fierté de la cité – palais de justice, hôtel de ville, gare, place à l’ordonnance monumentale, pont, théâtre – sont largement abordés.
Mais au-delà de l’aspect purement monumental de la ville sont immortalisés également les rues principales, le paysage urbain, et par là même la vie quotidienne qui se déroule dans cet espace urbain. La vie sur les quais du vieux port ou dans les grandes artères de Marseille nous est livrée avec minutie, souvent, comme celle qui se déroule au bord des bassins du Havre ou dans les rues niçoises ou lyonnaises. Des stations balnéaires au développement récent sont aussi dépeintes jusque dans leurs détails anecdotiques : Deauville, Trouville, les stations de la mer du Nord qui accueillent déjà les enfants de santé fragile.
Beaucoup plus rarement ont été fixés par l’objectif des frères Seeberger les paysages de la France et de leur époque. Les sites naturels retenus le sont en général suivant les critères essentiellement touristiques : paysages maritime, notamment d’admirables vues de la côte varoise où l’on vient de construire la route de corniche : sites montagneux, parmi lesquels la mer de Glace qui attire déjà touristes et sportifs.
Il n’en faut pas pour autant conclure que le seul intérêt du fonds Seeberger est d’ordre topographique. Comme nous l’avons déjà souligné, le fonds n’est pas la représentation statique des lieux. Il est aussi photographique de la vie. Bien que n’étant qu’occasionnellement des photographes de reportage, les frères Seeberger ont su conférer à leurs documents un caractère sociologique certain, en saisissant « sur le vif » la société de l’époque, les petits comme les grands, le monde du travail comme celui de l’oisiveté.
Parmi les centaines de documents qu’ils nous ont laissés sur la côte méditerranéenne, ils auraient pu tout simplement se contenter de saisir l’aspect assez superficiel d’une certaine société d’oisifs. Cette société-là, ils l’ont certes dépeinte en soulignant minutieusement ses principales préoccupations, et cela nous donne ce couple de bourgeois sortant d’une banque à Monte-Carlo, ces hommes affairés sur le champ de courses de Cagnes-sur-Mer, ces badauds au soleil sur la promenade des Anglais ; hôtels luxueux, restaurants à la mode, tous ces lieux que cette société affectionne, dont le Palais des Fêtes à Nice est un des plus beaux exemples.
Mais ils n’en sont pas restés là dans leur peinture, et c’est avec force détails qu’ils nous font connaître un phénomène primordial de ce siècle débutant, le formidable développement des moyens modernes de transport grâce auxquels justement a pu devenir « touristique » cette région de France si éloignée de la capitale. Ce sont ces clichés saisissant du chemin de fer en gare de Cannes ou encore jaillissant du tunnel d’Eze-sur-Mer. C’est le port de Marseille où se côtoient encore voiliers et steamers, paquebots et embarcations de pêcheurs : ce port de Marseille dont l’activité grouillante est fixée pour l’éternité.
Ils sont même allés plus loin, nous révélant la vie quotidienne des petites gens et, toujours dans ce pays méditerranéen, ce sont ces femmes accroupies à Nice le long du Paillon, ces bugadières en train de laver leur linge, ces nurses aux jardins Albert 1er, ces truculentes scènes de marché où superbes légumes et coquillages font la fierté de celui qui tient l’étal. Ces petites gens nous sont également présentés dans leurs loisirs et ce sont toutes ces scènes de fêtes foraines avec les « monstres » qui font rire ou qui font peur, guignol devant qui les enfants sont ébahis, l’équilibriste qui laisse perplexe cette foule agglutinée autour de lui.
C’est donc la photographie d’une société au travail, d’une société qui s’amuse, d’une société vivante, que nous ont laissée les trois frères Seeberger.
Nous avons choisi l’exemple de la côte méditerranéenne, mais cette peinture minutieuse se retrouve ailleurs : dans le Nord, ils n’ont pas manqué de fixer les grandes installations industrielles et c’est avec autant de soin qu’ils nous ont dépeint la côte normande ou la vie d’un grand port comme celui du Havre.
 
 
*
***
 
Nous l’avons dit, ils n’ont été qu’occasionnellement des photographes de « reportage », si l’on ne veut retenir de ce vocable que l’aspect événementiel, car reporter de la vie quotidienne à la charnière des 19e et 20e siècles, ils l’ont été.
Dans le domaine purement événementiel, c’est avec beaucoup d’humour qu’ils ont vu les inondations de Paris en 1910, saisissant çà et là le côté inhabituel de la vie des Parisiens ; c’est le facteur qui fait sa tournée en barque ; la vieille dame apeurée devant la nécessité qui s’impose à elle de traverser sa rue à trois mètres du niveau du sol, en équilibre sur une planche ; la grosse femme, tout à fait respectable, emportée à bras-le-corps, de son domicile vers une barque, par un solide gaillard.
C’est avec autant d’humour qu’ils ont su saisir les images de la « fête à Neu-Neu » avec ces enfants en larmes sur le gros cochon de bois de ce si beau manège.
Et n’est-ce pas avec beaucoup de précision et quelquefois de l’ironie qu’ils nous ont laissé ces documents sur la fête des Fleurs en 1907 ?
Le fonds Seeberger, conservé, inventorié et catalogué, sauve de l’oubli une documentation irremplaçable sur quantité de sujets qui deviendra un précieux outil de travail pour nombre de chercheurs très divers.
L’historien des transports pourra y puiser des exemples des divers moyens de locomotion de l’époque : omnibus hippomobiles, tramways, premières automobiles, bateaux fluviaux, navire de commerce ou de guerre, locomotives, ou encore premiers ascenseurs publics, tel celui permettant d’accéder à Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.
L’historien de la mode et du costume y trouvera des illustrations précises et variées sur les tenues vestimentaires courantes à l’époque.
Le sociologue y verra quantité de documents sur la vie quotidienne à cette époque en milieu urbain.
L’architecte chargé de la restauration d’un édifice aura à sa disposition d’irremplaçables documents sur l’état de ce dernier à la fin du 19e siècle, et pourra tendre ainsi à une reconstitution aussi fidèle que possible.
L’urbaniste reconstituera minutieusement, rue par rue, le tissu de la ville pour laquelle il tente de préserver un cadre de vie fait pour l’homme qui y vit.
Pour ces deux derniers types de recherches, le fonds Seeberger est particulièrement précieux, car il ne reflète pas seulement le grand patrimoine monumental mais s’étend également à ce que nous appelons aujourd’hui les bâtiments d’accompagnement.
En effet, il n’est pas inutile de rappeler que depuis les débuts de la photographie – les premiers calotypes datent de 1851 – des photographes spécialisés, tels Le Secq, le Gray, Bayard, Mestral ou Baldus, ont fixé l’état de nos grands monuments, châteaux ou cathédrales, souvent même avant que n’interviennent les grandes restaurations de la seconde moitié du 19e siècle. Mais ces artistes ont en général tenu à l’écart de leur objectif le paysage urbain : les rues, les squares, les ponts, les quais, le mobilier urbain. Tout cet ensemble utilitaire et intégré à la vie quotidienne, et bien souvent les édifices contemporains jugés insuffisamment monumentaux ou trop récents, ont été laissés en dehors des préoccupations. Or l’on sait avec quelle rapidité tout ce paysage urbain a été défiguré ou a même parfois disparu.
C’est le privilège du fonds Seeberger que d’aborder toute cette modernité de la fin du siècle et du siècle débutant à travers les palais des Beaux-Arts que chaque grande ville s’enorgueillit d’édifier, les ponts modernes, les grands magasins ou les théâtres nouveaux.
 
 
*
***
 
Le rapide survol de ce fonds photographiques est pour nous l’occasion de nous interroger sur la pérennité de tels ensembles.
La photographie, et principalement la photographie ancienne, intéresse heureusement, de nos jours, un public de plus en plus large.
Cet intérêt grandissant n’est cependant pas sans présenter un certain danger pour les fonds eux-mêmes.
Certains pays européens ou américains portent déjà beaucoup plus d’intérêt que nous à la photographie et le premier des dangers est donc de voir partir vers l’étranger ces plaques photographiques.
Généralement, bien que ces fonds abordent quantité de thèmes différents, ils forment une entité, puisque constitués par un seul photographe ou un groupe de photographes à une époque donnée. L’autre danger est donc la dispersion de tels ensembles, tel collectionneur ou tel organisme s’intéressant à un thème précis.
Il nous apparaît ainsi comme de la plus grande importance que des organismes publics spécialisés, puissent faire entrer dans leurs collections, afin de les conserver, de les gérer et de les mettre à la disposition du public, ces fonds photographiques anciens qui font partie intégrante de notre patrimoine culturel.
 
Jean-Jacques Poulet-Allamagny
Chef du Service photographique
de la Caisse nationale des Monuments historiques